PAR SHAWN MCCARTHY

Les entreprises médiatiques américaines font l’objet d’accusations d’autocensure et de lâcheté à l’approche du nouveau mandat du président désigné Donald Trump, qui a ciblé la presse comme un ennemi.

Ann Telnaes, caricaturiste politique du Washington Post, a démissionné au début de janvier après que les rédacteurs du journal eurent empêché la publication de son dessin montrant des propriétaires de médias et des milliardaires de la technologie posant le genou devant Trump. La caricature mettait en vedette Jeff Bezos, propriétaire du Washington Post et d’Amazon, Mark Zuckerberg, le fondateur de Meta, et Mickey Mouse, la mascotte de la société Walt Disney, qui possède ABC.

Dans une publication sur la plateforme Substack, la caricaturiste lauréate d’un prix Pulitzer a déclaré qu’elle n’avait « jamais vu un de ses dessins être refusé à cause des personnes ou des sujets représentés… Jusqu’à maintenant. »

David Shipley, le rédacteur responsable du journalisme d’opinion au Washington Post, a publié une déclaration affirmant que la caricature avait été retirée parce que les chroniqueurs du journal avaient couvert le même sujet et qu’il voulait éviter la « répétition ».

Ann Telnaes a dénoncé le réseau ABC, qui appartient à Disney, après que celui-ci a été critiqué pour avoir réglé une poursuite en diffamation intentée par Donald Trump à la suite de la déclaration du présentateur George Stephanopoulos selon laquelle le candidat de l’époque avait été jugé civilement responsable du viol de l’autrice E. Jean Carroll. Dans les faits, Donald Trump a été jugé responsable d’agression sexuelle et de diffamation à l’encontre d’E. Jean Carroll.

ABC, le Washington Post et d’autres médias se sont attiré de nombreuses critiques pour leur lâcheté devant les menaces de Donald Trump.

Le Washington Post et le L.A. Times ont soulevé l’indignation chez les démocrates et les chroniqueurs en novembre lorsque leurs propriétaires milliardaires ont refusé d’endosser un candidat à l’élection présidentielle.

L’inclusion de Mark Zuckerberg, propriétaire de Meta, dans la caricature d’Ann Telnaes semble prémonitoire. Moins d’une semaine après la démission de Mme Telnaes, Mark Zuckerberg a annoncé que la plateforme Facebook de Meta ne confirmerait plus la véracité des publications sur les sites mondiaux de médias sociaux. Donald Trump et ses partisans se plaignent depuis longtemps de la vérification des faits sur les plateformes comme Facebook, Instagram et X, affirmant que cette pratique équivaut à de la censure.

Certaines personnes craignent que ce changement n’entraîne une prolifération de la désinformation et des commentaires trompeurs dans les médias sociaux sur des sujets délicats comme l’immigration, les changements climatiques et l’innocuité des vaccins.

Pendant le premier mandat de Donald Trump, Mme Telnaes a offert une mise en garde contre les menaces croissantes à la liberté de la presse dans le monde, et aux États-Unis en particulier. Dans le discours principal qu’elle a prononcé lors du déjeuner de remise des prix 2017 de Liberté de la presse Canada, elle a souligné que l’administration américaine menaçait d’imposer des lois plus sévères sur la diffamation pour restreindre les activités de la presse, une menace qui se manifeste à nouveau tandis que Donald Trump s’apprête à prendre le pouvoir pour la deuxième fois.