PAR JANET E. SILVER
Aux quatre coins du pays, des journalistes ont été menacés, arrêtés et expulsés par la police, ou se sont vu refuser l’accès à certaines zones, dans l’exercice de leurs fonctions.
La dernière affaire hautement médiatisée est celle de la journaliste Brandi Morin. Le 10 janvier, Morin a été arrêtée pendant qu’elle interviewait les résidents d’un campement de sans-abri à Edmonton. Les accusations d’entrave portées contre elle ont été abandonnées le 1er mars.
Ethan Cox, rédacteur en chef de Morin à Ricochet, a affirmé à La Presse Canadienne que le retrait des accusations qui pesaient contre sa reporter était une victoire pour la liberté de presse au Canada.
« Quel grand soulagement! a affirmé Morin après l’annonce du retrait des accusations. J’étais là pour faire un reportage. Je ne faisais que mon travail. C’est gratifiant de constater que la Couronne a fini par reconnaître que je ne faisais rien de mal. »
Elle dit que l’expérience a laissé des traces sur ses reportages et que, pour le moment, elle fait preuve d’une plus grande prudence.
Morin a été arrêtée pendant qu’elle menait des entrevues dans un campement. Lorsque la police lui a demandé de partir, Morin lui a répondu qu’elle était journaliste et qu’elle avait le droit d’être là. La police l’a ensuite arrêtée, l’a détenue pendant cinq heures et l’a accusée d’entrave.
« En somme, c’est une forme de harcèlement contre les journalistes afin de les empêcher de faire des reportages sur les activités de la police », a affirmé Cox à la CBC.
Entre-temps, en Colombie-Britannique, la photojournaliste Amber Bracken a intenté une poursuite au civil contre la GRC pour l’avoir arrêtée et emprisonnée pendant quatre jours pendant qu’elle effectuait un reportage pour The Narwhal sur le territoire wet’suwet’en en novembre 2021. Les Wet’suwet’en l’avaient invitée à couvrir, en compagnie de Michael Toledano, cinéaste travaillant pour la CBC, le conflit entourant un gazoduc. « Nous ne déposons pas cette poursuite pour nous, mais pour ouvrir la voie à tous les journalistes du Canada afin qu’ils puissent accomplir leur travail sans ingérence de la police », a déclaré Emma Gilchrist, cofondatrice du Narwhal lors d’une conférence de presse en février 2023.