PAR JANET E. SILVER

Les diffuseurs de nouvelles au Canada se heurtent à un chemin parsemé d’embûches qui paraît sans fin.

On observe un rétrécissement des salles de presse canadiennes depuis les deux dernières décennies, mais ce déclin s’est accéléré lors des dernières années. En conséquence, la population canadienne est de moins en moins bien servie par les grandes entreprises qui possèdent les réseaux de radiodiffusion, et qui considèrent les bulletins de nouvelles comme une dépense extravagante.

Le 25 octobre, Corus a annoncé que ses revenus d’une année à l’autre avaient diminué de 21 % au quatrième trimestre et qu’elle avait conclu une entente avec ses créanciers en vertu de laquelle elle disposerait d’un certain délai pour réduire sa dette totalisant 1 milliard de dollars.

Quelques jours plus tard, Bloomberg a rapporté que Corus Entertainment Inc. travaillait avec le Jefferies Financial Group en vue d’une éventuelle vente de ses actifs.

Si Corus, propriétaire du réseau Global, cherche à vendre ses actifs ou ne parvient pas à honorer une entente relative à sa dette, l’entreprise sera forcée de procéder à d’autres compressions dans tout le pays, y compris dans ses salles de presse nationales et locales.

Pendant ce temps, BCE, qui possède CTV par l’intermédiaire de Bell Média, continue de connaître des difficultés pour le remboursement de sa dette, et de se concentrer sur la réduction des coûts. Cet automne, le bureau parlementaire de l’entreprise a remplacé toutes les caméras de ses studios qui étaient opérées par des humains par des caméras robotisées. De plus, le 31 octobre, Bell Média a annoncé qu’elle mettait fin aux activités de la chaîne canadienne MTV.

Le personnel de BCE se prépare à la suppression de centaines d’emplois d’ici la fin de l’année, mais on ne sait pas exactement quelle sera l’incidence de ces compressions sur les salles de nouvelles partout au pays.

En février dernier, Bell a annoncé qu’elle supprimait 4 800 emplois, notamment par la vente de 45 de ses 103 stations de radio régionales. Ces compressions à l’échelle du pays ont laissé de nombreux vides dans le secteur des nouvelles, y compris dans les provinces de l’Atlantique, où tous les bulletins de nouvelles locales de fin de semaine ont été éliminés.

Bien que Radio-Canada/CBC n’ait pas annoncé de licenciements cet automne, la société d’État doit faire face à la diminution de ses revenus publicitaires et de son auditoire, ainsi qu’aux menaces du chef conservateur Pierre Poilievre, qui entend supprimer le financement de Radio-Canada/CBC si son parti accède au pouvoir lors de l’élection de 2025.

Dans un contexte où la population canadienne peut désormais s’informer ailleurs, y compris auprès de petits médias en ligne, le déclin des plateformes de radiodiffusion nationales donne lieu à un écosystème de nouvelles plus étroit, dans lequel les gens se replient de plus en plus vers des sites régionaux qui reflètent leurs préjugés politiques.