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M. Carney doit ajouter la menace de la désinformation à la liste des priorités urgentes

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Par Heather Bakken

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juin 12, 2025

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M. Carney doit ajouter la menace de la désinformation à la liste des priorités urgentes

Le Premier ministre Mark Carney a envoyé un message clair aux Canadiens et au monde entier dans le discours du Trône prononcé par le roi Charles III au Parlement le 27 mai.

La priorité urgente de son gouvernement est la défense de la souveraineté et de la sécurité du Canada face aux menaces de dirigeants mondiaux hostiles qui s’en prendraient à notre pays.

« Nous devons être lucides : le monde est plus dangereux et plus incertain qu’il ne l’a jamais été depuis la Seconde Guerre mondiale », a déclaré le roi Charles. « Le Canada est confronté à des défis sans précédent depuis le début de notre vie.

Dans son discours, le gouvernement a mis l’accent sur de multiples impératifs, notamment le renforcement de notre puissance économique, de notre préparation militaire et de nos alliances internationales. Il n’a pas pourtant la bataille qui se livre dans notre écosystème médiatique et qui sape la démocratie.

Nos ennemis nous attaquent là où nous vivons. La désinformation et la propagande étrangère polluent notre écosystème à une vitesse et à une échelle autrefois inconcevables. La prolifération de l’intelligence artificielle va l’amplifier.

Ne vous y trompez pas : Il y a beaucoup trop d’acteurs sur les médias sociaux qui, délibérément ou non, répandent des mensonges qui sèment le chaos et la confusion. Les acteurs malveillants diffusent de fausses informations pour augmenter la portée de leurs actions, ce qui leur permet de constituer une armée de personnes qui se méfient de nos institutions. L’alarmisme est utilisé pour provoquer le désespoir. Ce mélange toxique peut déclencher la colère, la désignation de boucs émissaires et l’anarchie.

Dans son rapport sur l’ingérence étrangère dans la politique canadienne, la juge Marie-Josée Hogues a souligné la menace. La désinformation « constitue un risque majeur pour la démocratie canadienne », écrit-elle au terme d’une enquête de 16 mois. « Si nous ne trouvons pas les moyens d’y remédier, la désinformation a la capacité de modifer notre discours, de changer nos opinions et de façonner notre société. Il s’agit d’une menace existentielle ».

Mme. Hogue a mis l’accent sur les menaces étrangères. La Russie, la Chine, l’Inde et l’Iran sont tous impliqués. Le danger croissant vient des États-Unis, où le président américain se livre régulièrement à la désinformation.

Nos ennemis nous attaquent là où nous vivons. La désinformation et la propagande d’origine étrangère polluent notre écosystème à un rythme effréné. Il y a des actions que le gouvernement de M. Carney peut entreprendre pour contrer ce poison. 

Un bon début serait de faire travailler les ministres ensemble. Cela devrait inclure la défense, les affaires étrangères, la sécurité publique, l’identité et la culture, ainsi que l’intelligence artificielle et l’innovation numérique.

Plusieurs de nos alliés de l’OTAN ont créé des agences chargées d’identifier, d’analyser et de contrer la menace de la désinformation et d’autres formes d’attaques numériques. Le Canada doit déployer des efforts similaires.

La désinformation prospère lorsque des sources d’information fiables sont affaiblies ou laissées à l’abandon dans un environnement économique où les modèles économiques des médias se sont érodés et où les salles de rédaction ont été réduites.

La radiodiffusion publique doit être considérée comme une source fiable d’informations, ainsi que comme une plateforme de dialogue national. Dans de nombreuses communautés, la Radio-Canada est la seule source disponible dans un vaste désert d’informations.

En le même temps, de nombreux organismes de presse privés ont été rachetés par des sociétés qui font peu de cas du journalisme d’intérêt public. Il s’agit notamment de fonds spéculatifs américains qui ont échappé aux règles canadiennes en matière de propriété. D’autres ont centralisé la production au détriment des liens régionaux et locaux avec le public.

Il existe des préoccupations légitimes concernant l’indépendance lorsque les gouvernements financent les salles de presse. Le plus grand danger est qu’elles cessent d’exister ou qu’elles soient tout simplement incapables de produire du journalisme d’intérêt public. Un soutien indépendant, fourni par le biais du système fiscal, est essentiel.

Le gouvernement Carney doit s’engager à une plus grande ouverture en renforçant les systèmes d’accès à l’information avec de meilleures ressources et des délais stricts pour s’y conformité.

Les médias et le public exiger des comptes au gouvernement, à ses agences et aux sociétés d’État en publiant des rapports précis et factuels sur leurs activités. 

Liberté de la presse Canada demande instamment au Premier ministre Carney d’organiser une défense énergique contre la désinformation. Il ne s’agit pas seulement de soutenir un secteur – il s’agit de sauvegarder la démocratie canadienne elle-même.

Écrit par Heather Bakken

Shawn McCarthy est rédacteur indépendant et conseiller principal au Sussex Strategy Group. Il est l’ancien président de Liberté de la presse Canada.

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