mars 26, 2025
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Les électeurs se rendront aux urnes le 28 avril. D’ici là, chaque chef de parti fédéral tentera de convaincre la population canadienne qu’il est le mieux placé pour défendre le pays contre le président américain Donald Trump et veiller à ce que le Canada reste « fort et libre ».
Alors qu’ils se critiquent mutuellement et se lancent des flèches à qui mieux mieux, les chefs de parti devront aussi exposer comment ils prévoient de faire face aux menaces qui planent sur le Canada.
L’une des plus grandes menaces est la désinformation diffusée dans les médias et sur les réseaux sociaux. Des acteurs hostiles, qui proviennent du Canada ou d’ailleurs, inondent notre espace médiatique de contenu faux et souvent haineux qui vise à nous provoquer, à nous diviser et, au bout du compte, à nous détruire.
Dans son rapport sur l’ingérence étrangère dans les processus électoraux canadiens, la juge Marie-Josée Hogue a écrit que la désinformation est « nocive » et « puissante ».
La désinformation « présente un risque important pour la démocratie canadienne », a-t-elle écrit à la suite de son enquête de 16 mois. « Si nous ne trouvons pas les moyens d’y répondre, la mésinformation et la désinformation ont la capacité de déformer notre discours, de changer nos opinions et de façonner notre société. (…) Il s’agit d’une menace existentielle. »
Dans son rapport, la juge Hogue se concentre sur les menaces étrangères, dont font partie la Russie, la Chine, l’Inde et l’Iran.
Le danger croissant vient des États-Unis, où Donald Trump propage la désinformation pratiquement chaque fois qu’il prend la parole ou qu’il publie sur sa plateforme Truth Social. Il a aussi de nombreux complices, volontaires ou involontaires, qui croient à sa version de la vérité ou qui prennent simplement un malin plaisir à contribuer au chaos.
« Le flot de désinformation est essentiellement une forme moderne de guerre psychologique », affirme le journaliste chevronné Kevin Newman dans un article d’opinion paru dans le Globe and Mail.
Il déplore le manque de préparation du Canada pour faire face à ces attaques. « C’est un échec colossal, se désole M. Newman. La vocation première de tout dirigeant et de l’armée d’un pays est de protéger ses citoyens contre le danger. Dans ce combat pour nos esprits et notre souveraineté, nous sommes sans défense. »
Mark Carney, chef du Parti libéral, et Pierre Poilievre, chef du Parti conservateur du Canada, se sont tous deux engagés à augmenter les dépenses militaires du Canada pour tenir compte d’un nouvel ordre mondial, dans lequel les États-Unis ne sont pas dignes de confiance et l’OTAN est sérieusement affaiblie.
Mais comment vont-ils faire face à la menace des guerres numériques menées par des acteurs étatiques et non étatiques, étrangers et nationaux, qui empoisonnent notre écosystème informationnel?
En même temps, la désinformation prospère lorsque des sources d’information fiables sont affaiblies ou laissées à l’abandon dans un environnement économique où les modèles économiques des médias se sont érodés et où les salles de rédaction ont diminué.
La CBC est une source importante d’informations pour les Canadiens de tout le pays et Liberté de la presse Canada soutient le maintien de son financement tout en éliminant la publicité de ses chaînes d’information qui sont en concurrence avec les plateformes du secteur privé.
Comme l’a récemment déclaré Heather Bakken, présidente de Liberté de la presse Canada, lors d’une séance de travail au Sénat, CBC est la source d’informations en ligne la plus fréquentée du pays et un service essentiel pour une grande partie du pays.
La radiodiffusion publique doit être considérée comme une source fiable d’informations, ainsi que comme une plateforme pour un dialogue national qui permet à une partie du pays d’être informée de ce que l’autre partie pense et fait.
Dans le même temps, de nombreux organes de presse privés du Canada ont été rachetés par des sociétés qui ne s’intéressent guère au journalisme d’intérêt public. Il s’agit notamment de fonds spéculatifs américains qui ont échappé, d’une manière ou d’une autre, aux règles canadiennes en matière de propriété.
Il est légitime de s’inquiéter de l’indépendance lorsque les gouvernements financent les salles de presse. Le plus grand danger est qu’elles cessent d’exister ou qu’elles soient tout simplement incapables de produire le journalisme d’intérêt public dont elles ont besoin. Un soutien indépendant, fourni par le biais du système fiscal, est essentiel.
Parallèlement, les parties doivent s’engager à financer correctement le système d’accès à l’information afin que les médias et le public puissent demander des comptes au gouvernement en publiant des comptes rendus précis et factuels de ses activités.
La presse elle-même doit rendre des comptes. Les politiciens doivent chercher à corriger les erreurs, les omissions ou les préjugés perçus, mais sans condamner les journalistes en général pour avoir fait leur travail.
Liberté de la presse Canada demande à tous les partis et à leurs dirigeants de s’engager publiquement à défendre le pays contre l’assaut de la désinformation et à renforcer l’écosystème médiatique du pays pour soutenir notre démocratie.
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