PAR SHAWN MCCARTHY

Les journalistes qui ne suivent pas la ligne MAGA sont depuis longtemps l’une des cibles préférées de Donald Trump. La victoire de ce dernier lors de l’élection du 5 novembre annonce donc une nouvelle ère de dénigrement des médias, marquée par des efforts visant à faire taire les voix indépendantes, ainsi que par des attaques directes contre les journalistes.

Dans les derniers jours de la campagne, M. Trump a fréquemment ciblé les « médias mensongers » lors de ses rassemblements.

Après que l’émission 60 Minutes de CBS a diffusé une entrevue avec la vice-présidente Kamala Harris et a expliqué que M. Trump avait accepté une entrevue semblable avant de se désister, celui-ci a poursuivi la chaîne, alléguant qu’elle aurait retouché l’entrevue avec Kamala Harris pour appuyer le camp démocrate. Le réseau CBS a nié ces allégations.

De plus, M. Trump a indiqué qu’il envisageait de demander à la Federal Communications Commission (FCC) de retirer aux réseaux d’information leurs licences de radiodiffusion s’ils diffusent des nouvelles qu’il désapprouve, et qu’il envisageait également d’éliminer le financement accordé aux réseaux de télévision et de radio publics.

Il s’est engagé à « briser le régime de censure de gauche » en éliminant tout soutien fédéral aux efforts visant à modérer les plateformes de médias sociaux afin de lutter contre la mésinformation et la désinformation. Bien sûr, M. Trump lui-même a menti en prétendant que l’élection de 2020 avait été « volée », et a faussement allégué que l’aide fédérale destinée aux victimes d’ouragan avait été détournée pour soutenir les sans-papiers.

Lors de ses derniers rassemblements, il a même plaisanté en mentionnant à son auditoire qu’il ne serait pas triste si les journalistes qui le couvrent étaient abattus.

Comme on pouvait s’y attendre, les voies de fait contre des journalistes sont en hausse aux États-Unis. Press Freedom Trackers avait déjà répertorié 84 attaques de ce type au début septembre, soit une hausse de 50 % par rapport à l’ensemble de l’année 2023.

Le Comité pour la protection des journalistes a offert une formation sur la sécurité à plus de 700 travailleuses et travailleurs des médias aux États-Unis, et poursuivra ses efforts à l’approche de l’investiture de Donald Trump en janvier.

Les agressions verbales de M. Trump contre les médias sont reprises au Canada par le chef conservateur Pierre Poilievre, mais elles n’atteignent généralement pas le même niveau de virulence. Tandis que le président désigné intensifie sa campagne de censure et d’intimidation, on peut s’attendre à un accroissement de la pression au Canada.

Liberté de la presse Canada reconnaît que les critiques légitimes envers les médias ont leur place. Or, elles ne doivent pas s’accompagner de menaces contre les journalistes, et doivent tenir compte du fait qu’en demandant des comptes aux personnes qui détiennent le pouvoir ou qui y prétendent, les médias jouent un rôle crucial dans une démocratie.